Réduction des prescriptions d’antibiotiques chez l’enfant en Allemagne, 2010-2018
Les prescriptions d’antibiotiques jouent un rôle clé dans l’émergence de souches bactériennes multirésistantes. En ambulatoire, la majorité des prescriptions antibiotiques chez l’enfant sont effectuées dans le cadre de pathologies ORL ou respiratoires aiguës, le plus souvent virales. Ces constatations appellent à réduire massivement les prescriptions inappropriées en pédiatrie ambulatoire.
Une étude populationnelle fondée sur les données de remboursement de l’assurance maladie a été conduite en Allemagne afin d’analyser l’évolution des prescriptions d’antibiotiques entre 2010 et 2018. Ce système d’assurance couvre 83 % de la population Allemande entre 0 et 14 ans (représentant plus de 9 millions d’individus en 2018). Les taux de prescription annuels pour 1 000 habitants ont été calculés par groupes d’âge, et une régression de Poisson a permis d’estimer leur évolution au cours du temps. Entre 2010 et 2018, le taux de prescription pour 1 000 habitants a chuté de 746 à 428 (−43 % ; p < 0,001). La baisse était la plus marquée chez les enfants de moins de 1 an (−50 %) et entre 2 et 5 ans (−44 %). Concernant les classes d’antibiotiques utilisées, la baisse la plus forte a été observée pour les macrolides (−71 %) et les céphalosporines de troisième génération (−68 %).
Alors que l’Allemagne était déjà, en 2010, un pays à faible consommation d’antibiotiques, une baisse majeure des prescriptions a été observée en pédiatrie communautaire en 8 ans, cette baisse concernant notamment des antibiotiques à large spectre tels que les céphalosporines de troisième génération, qui sont associées à l’émergence d’entérobactéries multirésistantes. Ces résultats nous montrent qu’il est donc possible de réduire de façon substantielle la pression de sélection antibiotique à l’échelle populationnelle, et pourraient servir d’exemple à la France qui reste un des plus gros consommateurs européens d’antibiotiques.