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Le virus, l’enfant et l’école


Décidément, pour la deuxième année consécutive, l’épidémie de Covid-19 continue d’impacter nos vies, nos comportements, notre santé physique et mentale, nos activités sociales et professionnelles, ainsi que nos pratiques médicales. C’est ainsi que le principal congrès de pathologie infectieuse pédiatrique de l’European Society for Paediatric Infectious Diseases se tient de façon virtuelle cette année, et qu’une grande partie des communications est dédiée aux infections à SARS-CoV-2, du fait non seulement de l’importance de la maladie en pédiatrie, mais aussi des conséquences sur l’ensemble des pathologies, y compris infectieuses, des mesures prises pour enrayer cette épidémie. Dans tous les pays, il est apparu clairement que l’infection à SARS-CoV-2 revêt un caractère de moindre gravité chez l’enfant que chez l’adulte, a fortiori âgé. De même, de nombreuses études ont montré une plus faible contamination des enfants, les PCR et sérologies étant moins souvent positives que celles des adultes dans des conditions identiques. Malgré cela, des polémiques entretenues par un quarteron d’épidémiologistes déconnectés de la pratique clinique, de réanimateurs et d’infectiologues s’occupant d’adultes et non représentatifs de leurs sociétés savantes respectives poussent encore à fermer les écoles. Heureusement, ils n’ont pas été suivis et la France peut s’enorgueillir d’être un des pays du monde où les écoles ont le moins été fermées.

De nombreuses présentations, lors de ce congrès, ont fait le point sur cette plus faible contagiosité des enfants, ainsi que sur le rôle modeste de l’ouverture des écoles sur la dynamique de l’épidémie. Les plus intéressantes étaient celles de Shamez Ladhani (School closures in the Covid-19 pandemic (abstr. 206)) et de Vana Papaevangelou (Covid-19: Transmission dynamics and pandemic status (abstr. 2304), symposium Janssen).

Ils ont développé plusieurs arguments :

  • Le premier est le taux de contamination des enseignants et des autres professionnels de l’enfance dans les pays où les écoles sont restées majoritairement ouvertes, comme en France. Les taux d’incidence chez ces adultes ne sont pas différents de ceux observés chez les adultes de même âge exerçant d’autres professions. Une étude qui peut paraître surprenante, mais qui a du sens, montre non seulement que les adultes au contact d’enfants ne sont pas plus souvent atteints de Covid-19 que les adultes de même âge sans contact, mais aussi qu’ils ont moins de chance d’être hospitalisés ou de présenter des formes graves. Une des hypothèses est que les stimulations immunitaires induites par la présence d’enfants protègent en partie les adultes contre l’infection à SARS-CoV-2.
    Les pays dont les écoles sont restées fermées majoritairement presque tout au long de la pandémie (le Brésil, la majorité des États aux États-Unis) sont ceux où l’épidémie a flambé le plus et où l’on observe les proportions d’enfants infectés, hospitalisés ou présentant des formes graves voire mortelles les plus importantes. Ces comparaisons ont bien entendu des limites liées aux conditions socioéconomiques, à la taille des familles, aux mesures prises contre l’infection et enfin et surtout aux variants circulants.
  • Deux très solides études réalisées en Angleterre (sKIDs : Covid-19 surveillance in school) dans plus de 130 écoles et incluant plus de 12 000 sujets.
    Plusieurs études suggèrent que, chez l’enfant, les taux d’anticorps, quels que soient la technique utilisée et l’antigène testé (Spike, RBD, nucléocapsides, domaine N-terminal), sont plus élevés que chez l’adulte et semblent persister plus longtemps. Ceci était connu pour d’autres coronavirus, mais ce n’est pas le cas pour les virus grippaux. Les index développés pour l’immunité cellulaire vont dans le même sens. Enfin, même chez les enfants séronégatifs, une réponse cellulaire robuste est observée chez près de 60 % d’entre eux, témoignant soit d’une immunité croisée antérieure, soit d’une sensibilisation sans séroconversion.
  • Les clusters rapportés dans les établissements scolaires ont touché principalement les collèges et les lycées et, dans les écoles, essentiellement les enfants des familles en difficulté. Là encore, la source prédominante de ces clusters était des adultes travaillant au contact des enfants. Les taux d’attaques secondaires étaient plus importants dans le secondaire qu’en primaire, mais toujours 3 à 5 fois moins importants que chez les adultes de l’école.
    Quand il existe une augmentation de l’incidence de l’infection à SARS-CoV-2 chez l’enfant, elle est toujours le reflet de l’augmentation de la circulation du virus dans la communauté. Dans les 2 pays qui sont les plus avancés en termes de couverture vaccinale des adultes sans vaccination des enfants et adolescents (Angleterre, figure 1 et Israël, figure 2), les écoles sont ouvertes depuis début mars, sans aucune remontée du nombre de cas chez l’enfant et l’adolescent, confirmant bien que la transmission se fait majoritairement de l’adulte à l’enfant, et non l’inverse.

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