• Avec le soutien institutionnel de
    GSK

L’enfant, les antibiotiques et la résistance


Bien que la pandémie de Covid-19 ait entraîné une baisse de la consommation d’anti-infectieux et laisse espérer une stagnation voire une baisse de la résistance aux antibiotiques, ce problème demeurera dans les prochaines années un des périls majeurs pour la santé humaine. Il faut noter que si les prescriptions d’antibiotiques ont globalement baissé, ce n’est pas le cas pour l’azithromycine, un des antibiotiques les plus sélectionnants, qui a été prescrite “larga manu” et à tort en cas de suspicion de Covid-19.

Trois très intéressants symposiums de l’ESPID ont été consacrés à cette problématique des prescriptions d’antibiotiques et de la résistance.

Pour réduire la prescription et la consommation de ces traitements par ailleurs indispensables pour certains patients, plusieurs actions doivent être mises en place simultanément.

La première est de ne pas prescrire des antibiotiques inutilement : c’est l’action la plus efficace. Pour cela, une bonne analyse clinique et quelques tests de diagnostic rapide sont utiles. Des efforts particulièrement importants doivent être réalisés dans la période néonatale pendant laquelle, indiscutablement, trop d’antibiotiques sont administrés. Plusieurs études suggèrent que ces antibiothérapies précoces, au moment de la constitution des microbiotes, ont encore plus de conséquences néfastes à court, à moyen et à long terme que celles qui sont prescrites plus tardivement.

La deuxième est d’éviter de prescrire les antibiotiques les plus sélectionnants lorsque la situation et le niveau de résistance aux antibiotiques ne le justifient pas.

On peut dire aujourd’hui que le gradient des antibiotiques considérés comme les plus sélectionnants est relativement bien défini :

  • À l’hôpital : pénèmes > C3G* et quinolones/pipé-tazo**/amox-clav*** ;
  • En ambulatoire : C3G et quinolones > l’azithromycine > amox-clav***.

Une même molécule peut être considérée comme “critique” en ambulatoire (exemple : l’amoxicilline-acide clavulanique), mais à privilégier au contraire dans des protocoles hospitaliers. Pourquoi ces différences ? En raison des bactéries cibles, de leur niveau de résistance et de l’impact des molécules sur les résistances. Dans les soins primaires, pris en charge dans le cadre des urgences hospitalières ou par des médecins de ville, l’amoxicilline devrait représenter 80 % des prescriptions si les recommandations sont suivies.

La figure montre bien que le profil des molécules prescrites diffère d’un pays à l’autre, mais ceci ne s’explique pas par des différences de résistance aux antibiotiques. La France fait partie des pays dont le profil de prescription est le moins favorable.

Diapositive1.PNG

La troisième action est de raccourcir les durées de traitement à chaque fois que cela est possible, c’est-à-dire chaque fois que des études cliniques le permettent. C’est le cas par exemple des pneumonies, pour lesquelles plusieurs études montrent qu’un traitement de 5 jours d’amoxicilline (50 à 100 mg/kg/j en 2 ou 3 prises) est suffisant. Des études en cours cherchent à réduire le traitement à 3 jours tout en diminuant les doses. Si ces études sont intéressantes sur le plan méthodologique, nous ne pensons pas qu’un traitement de 3 jours et à dose moindre puisse réduire l’impact écologique ou améliore réellement la compliance. Par ailleurs, le coût de traitement par amoxicilline est extrêmement faible et n’entre pas en ligne de compte.


Références

* C3G : céphalosporines de 3e génération ;

** Pipé-tazo : pipéracilline-tazobactam ;

*** Amox-clav : amoxicilline-acide clavulanique.


Découvrez nos publications