La vaste étude européenne de l’EORTC confirme, avec 15 ans de recul, la pertinence d’une radiothérapie des aires ganglionnaires pour les femmes atteintes de cancers du sein stade I-III. Entre 1996 et 2004, 4 004 patientes ont été incluses dans 43 centres en Europe. La moitié d’entre elles présentaient une atteinte ganglionnaire (pN+ 56 %). Les patientes étaient réparties en 2 groupes : 2002 ont reçu une radiothérapie CMI (chaîne mammaire interne) + sus-claviculaire après chirurgie, les autres non. De premiers résultats à 10 ans de suivi avaient montré un avantage limité mais significatif, de la radiothérapie sur la SG. 

La publication récente du Lancet Oncol (1) rapporte les résultats à 15 ans et confirme l’intérêt de cette approche. Après un suivi médian de 15,7 ans, le taux de survie globale est de 73,1 % dans le groupe avec radiothérapie CMI + sus-claviculaire versus 70,9 % dans le groupe contrôle (HR = 0,95 ; IC₉₅ : 0,84-1,06 ; p = 0,36). L'incidence cumulée de la mortalité par cancer du sein à 15 ans est de 16,0 % (IC₉₅ : 14,3-17,7) dans le groupe radiothérapie CMI + sus-claviculaire et de 19,8 % (18,0-21,7) dans le groupe de contrôle (HR = 0,81 ; IC₉₅ : 0,70-0,94 ; p = 0,0055). En revanche aucune différence significative n'a été observée pour la survie sans maladie (60,8 % vs 59,9 % dans le groupe contrôle ; HR = 0,93 ; IC₉₅ : 0,84-1,03 ; p = 0,18). Cette absence de bénéfice peut s’expliquer en partie par le fait que près de la moitié des patientes étaient pN− mais aussi par le fait que les techniques de radiothérapie utilisées entre 1996 et 2004 n’étaient pas optimales. Une méta-analyse de l’EBCTCG incluant les résultats de l’étude de l’EORTC avec 13 autres essais pour un total de plus de 14 000 patientes est en cours. Les résultats permettront peut-être de définir des sous-groupes bénéficiant le plus de cette approche.