Anomalies du tube neural et antirétroviraux au Botswana
En mai 2018, des données préliminaires issues de l’étude TSEPAMO suggéraient un sur-risque de non fermeture du tube neural (NTD, “neural tube disease”) chez les femmes VIH+ ayant débuté une grossesse sous dolutégravir au Botswana. En effet, 4 NTD sur 426 grossesses (soit une prévalence de 0,94 %) étaient rapportées sous dolutégravir (DTG) versus 3/5 787 sous éfavirenz (EFV) (0,05 %), et versus 61/66 057 chez les femmes séronégatives (0,09 %), avec une différence statistiquement significative ayant conduit l’OMS à lancer une alerte internationale sur le risque de NTD en cas d’exposition au DTG en période péri-conceptionnelle. Dans le but de confirmer ou d’infirmer ce premier signal, le suivi des grossesses ayant débuté sous DTG avant l’alerte a été poursuivi dans le cadre de l’étude TSEPAMO, avec une augmentation du nombre de sites participants (18 versus 8, permettant de couvrir 75 % des grossesses botswanaises). Fin mars 2019, 1 683 grossesses chez des femmes exposées au DTG en période péri-conceptionnelle étaient analysables. Un cas supplémentaire de NTD était observé parmi ces grossesses, c’est-à-dire 5/1 683 (prévalence à la baisse à 0,30 %). En comparaison, parmi les femmes sous EFV, aucun nouveau cas de NTD n’était rapporté (au total : 3/7 959, prévalence stable à 0,04 %), et parmi les femmes séronégatives, 9 nouveaux cas de NTD étaient rapportés (70/89 372, prévalence stable à 0,08 %) (figure). Ces nouvelles données, rassurantes, corrigent fortement à la baisse l’incidence des NTD chez les femmes exposées au DTG en péri-conceptionnel. Toutefois, malgré un intervalle de confiance à la limite de la significativité statistique, il persiste une sur-représentation des NTD dans ce groupe comparativement aux autres. Les autres anomalies étudiées (malformations majeures, prématurité, enfants morts à la naissance) n’étaient pas associées à l’exposition au DTG pendant la période péri-conceptionnelle. Au final, les recommandations d’utilisation du DTG chez les femmes en âge de procréer devront mettre en regard ce risque potentiel, faible, et le bénéfice attendu de cette molécule, en particulier dans les pays à ressources limitées.