Diminution de la DMO chez les hommes jeunes virologiquement contrôlés : prévalence et facteurs de risque
Cette étude française bicentrique (Kremlin-Bicêtre, Tourcoing) a inclus, sur la période janvier 2013-juin 2016, 230 hommes jeunes (âge médian de 43 ans – extrêmes 36-47) en succès virologique (CV < 50 copies/ml) depuis au moins 6 mois chez qui une mesure de la DMO (rachis lombaire et hanche) a été réalisée. Un score Z au niveau d’un de ces sites entre – 1 et – 2, ou – 2 ou moins, définissait – respectivement – une ostéopénie ou une ostéoporose. Les caractéristiques à l’inclusion dans l’étude étaient les suivantes : IMC médian 23,5 kg/m2 et durée médiane du traitement ARV de 4,2 ans (extrêmes : 1,7-8,5). Une diminution de la DMO a été constatée chez près de 50 % des patients (48,3 %). Une ostéopénie a été mise en évidence pour 75 patients (32,6 %) et une ostéoporose chez 36 patients (15,7 %). En analyse multivariée, la diminution de la DMO est associée au risque d’ostéopénie (OR = 1,17 ; p < 0,01) et d’ostéoporose (OR = 1,24 ; p < 0,01). La diminution des taux sériques d’oestradiol est associée à l’ostéoporose (OR = 1,32 ; p < 0,05) et une masse maigre totale < 61 kg est très fortement associée à l’ostéopénie (OR = 2,98 ; p < 0,01). Toujours en analyse multivariée, une diminution de 1 kg/m2 de l’IMC est significativement associée à la fois à l’ostéopénie (OR ajusté [ORa] = 1,16 ; p = 0,01) et à l’ostéoporose (ORa = 1,24 ; p = 0,01). Une diminution de 5 pg/ml du taux d’oestradiol n’est associée de façon indépendante qu’à la présence d’une ostéoporose (ORa = 1,32 ; p = 0,05). En revanche, pas de différence entre les groupes en ce qui concerne les taux sériques de 25-OH vitamine D qui étaient dans les valeurs normales. La durée du traitement ARV apparaît comme un effet protecteur (pour une durée d’un an : OR = 0,87 ; p < 0,01) et – en particulier – lorsque celle-ci dépasse 3 ans (OR = 0,44 ; p = 0,02). Existe-t-il des différences en fonction des schémas thérapeutiques reçus ? Une analyse a été réalisée sur 4 modèles différents (figure) : pas d’association significative entre la durée du traitement par TDF et la présence d’une ostéopénie (p = 0,0,18) et effet protecteur vis-à-vis de l’ostéopénie comme pour tous les autres ARV d’un traitement comportant 3TC ou FTC (p = 0,04), LPV (p < 0,01) ou EFV (p = 0,02).
Au total, cette étude montre une prévalence élevée de la diminution de la DMO chez les hommes jeunes et ce, malgré l’obtention d’un contrôle virologique persistant. Elle fait se poser la question de l’extension dans les Recommandations de l’évaluation de la DMO chez les PVVIH âgés de moins de 50 ans en succès virologique. Les auteurs conseillent cette évaluation après stabilisation sous traitement ARV et au terme d’une durée d’au moins 3 ans.