La doxycycline en traitement post-exposition (TPE ou PEP) protège-t-elle des IST ?
Le risque d’une augmentation des IST, hors VIH, avec la PrEP, a suscité d’abondantes polémiques. D’une part, l’étude ANRS-IPERGAY, qui montrait une efficacité de la PrEP vis-à-vis du VIH, n’a pas montré de modification des comportements de “désinhibition” que l’on pouvait redouter. D’autre part, les données épidémiologiques récentes rapportent une hausse des IST chez les homosexuels et bisexuels masculins. La réponse proposée est de compléter l’arsenal préventif par une prophylaxie post-exposition (PEP) avec de la doxycycline. Durant la phase ouverte d’IPERGAY, une sous-étude a donc été menée pour évaluer la prophylaxie par 200 mg de doxycycline, prise jusqu’à 72 heures après exposition, sans dépasser 6 comprimés hebdomadaires. Les sujets ont été randomisés entre un bras prenant de la doxycycline à la demande, et un bras ne prenant pas de doxycycline. Comme dans tous les essais de PrEP, des taux très élevés d’IST ont été relevés à l’inclusion : de 14 à 19 % d’infection par gonocoque, chlamydiae ou tréponème. Au total, 232 patients ont été inclus et randomisés, 116 dans chaque bras et le suivi moyen était de 8,7 mois. Le risque relatif d’infection dans le bras doxycycline (dose moyenne 680 mg/mois durant l’étude), par rapport aux sujets qui ne prenaient pas d’antibiotique, est réduit de 57 % (p = 0,008) [figure]. L’impact de la doxycycline dépend en fait du germe. Vis-à-vis du gonocoque, la prophylaxie n’a pas d’effet significatif (réduction non significative de 17 % ; p = 0,52), comme on pouvait s’y attendre du fait du taux de résistance important du gonocoque aux tétracyclines. Vis-à-vis des chlamydiae, la réduction du risque est de 70 % (p = 0,006), et de 73 % vis-à-vis de la syphilis (p = 0,047). Le niveau de tolérance est par ailleurs excellent, de même que le niveau d’adhésion, avec 83 % de prise de doxycycline post-exposition. Enfin, il n’a pas été observé de désinhibition, ni en termes de nombre de rapports, ni en termes de risque des rapports. Au final, cette étude “preuve de concept” a atteint son objectif et ouvre la porte à une technique de prévention, sans qu’il y ait de raison pour l’instant de recommander cette prophylaxie.