La gentamicine est-elle aussi efficace que la ceftriaxone sur le gonocoque ?
L’étude G-ToG est une étude randomisée (1:1) multicentrique britannique menée en groupes parallèles et qui avait pour principal objectif d’établir la non-infériorité de la gentamicine versus le traitement de 1re ligne de référence, la ceftriaxone. Les patients recevaient, en sus d’une dose unique de 1 g d’azithromycine, une injection unique en i.m. de gentamicine (240 mg) ou de ceftriaxone (500 mg). Le critère principal d’évaluation était l’élimination de Neisseria Gonorrhoeae au niveau des sites initialement infectés (test d’amplication des acides nucléiques - TAAN négatif 2 semaines après le traitement). La marge de non infériorité prédéfinie était de 5 %. Au total, 720 patients ont été inclus sur la période octobre 2014-novembre 2016 et répartis en 2 groupes : gentamicine (n = 358) et ceftriaxone (n = 362). Les données sur le critère principal étaient disponibles chez – respectivement – 82 % et 85 % des patients. Les résultats montrent que, 2 semaines après le traitement, l’élimination de Neisseria Gonorrhoeae est obtenue chez 98 % (n = 299/306) des patients du bras ceftriaxone versus 91 % (n = 267/292) dans le bras gentamicine (différence de risque ajusté – 6,4 % : IC95 : – 10,4 % ; – 2,4 %). Pour les patients avec une infection génitale (n = 328), la guérison est obtenue chez 98 % (n = 151/154) des patients du bras ceftriaxone versus 94 % (n = 163/174) dans le bras gentamicine (différence de risque ajusté – 4,4 % : IC95 : – 8,7 % ; 0 %). La différence est plus nette en faveur du bras ceftriaxone pour les localisations pharyngées : 96 % (n = 108) versus 80 % (n = 82) dans le bras gentamicine (différence de risque ajusté – 15,3 % : IC95 : – 24,0 % ; – 6,5 %). La tendance est comparable pour les infections rectales : 98 % (n = 134) versus 90 % (n = 107) dans le bras gentamicine (différence de risque ajusté – 7,8 % : IC95 : – 13,6 % ; – 2,0 %). Au total, l’étude G-ToG n’a pas réussi à démontrer la non infériorité d’une dose unique de gentamicine versus le traitement de référence, tous deux en association avec une dose unique de 1 g d’azithromycine par voie orale. Concernant la tolérance, les effets indésirables étaient comparables entre les 2 bras, excepté une douleur au niveau du site d’injection plus importante dans le bras gentamicine (36/100 sur l’échelle EVA versus 21/100 pour le bras ceftriaxone). En conclusion, pas de place pour la gentamicine en 1re ligne de traitement de la gonococcie mais des indications potentielles en cas d’infection génitale isolée, d’allergie, d’intolérance ou de résistance à la ceftriaxone.