L’accélération du vieillissement est-elle toujours d’actualité chez les patients infectés par le VIH ?
Cette étude a été réalisée à partir des données issues de la cohorte COBRA (Co-morBidity in Relation to AIDS). Les auteurs ont analysé plusieurs biomarqueurs permettant, grâce à un algorithme (validé dans l’étude MARK-AGE) [tableau], d’estimer l’âge biologique chez 134 patients infectés par le VIH sous traitement antirétroviral, 79 patients non infectés avec des conditions de vie comparables (2 populations issues de COBRA – entre 74,7 % et 77,6 % d’HSH, 77,6 à 89,9 % de consommateurs réguliers d’alcool, 25,3 % à 29,9 % de fumeurs, 79,8 % à 97,7 % d’antécédents d’infection à CMV) et 35 donneurs de sang appariés sur l’âge (48,6 % de femmes, 22,9 % d’infection à CMV). Les patients inclus étaient tous âgés d’au moins 45 ans.
Les résultats (figure) montrent que le vieillissement est plus prononcé à la fois chez les patients infectés de COBRA (13,2 ans [extrêmes : 11,6-14,9]) et non infectés (5,5 ans [extrêmes : 3,8-7,2]) en comparaison aux donneurs de sang (– 7 ans [extrêmes : – 4,1 ; – 9,9]) [tous p < 0,001] mais également chez les patients infectés par le VIH versus les non-infectés (p < 0,001). Parmi les facteurs associés au vieillissement, on retrouve l’infection chronique à VHB, un titre d’Ig anti-CMV plus élevé et le taux de cellules CD8 et ce, de façon indépendante du statut VIH. Chez les patients infectés par le VIH, le vieillissement est augmenté de 3,5 (0,1-6,8) ans chez ceux présentant un nadir de CD4 inférieur à 200 cellules/mm3 et de 0,1 (0,06-0,2) ans pour chaque mois d’exposition supplémentaire au saquinavir.
Au total, cette étude confirme que le vieillissement demeure accentué chez les patients infectés par le VIH, y compris sous traitement, et que cela reste largement en rapport avec le déficit immunitaire. Le mode de vie a également un impact très fort en comparaison à la population générale.