Quelle diffusion pour le dolutégravir au niveau du LCR ?
Cette étude française (Kremlin-Bicêtre) s’est intéressée à la diffusion du dolutégravir (DTG) au niveau du LCR (liquide céphalorachidien ) chez 13 patients inclus dans une étude observationnelle de “vraie vie” et présentant des anomalies du SNC (système nerveux central) en rapport avec l’infection par le VIH. Il s’agit de 5 femmes et 8 hommes d’un âge médian de 46 ans et ayant présenté au moins une anomalie du SNC : encéphalite à VIH (n = 6), LEMP (leucoencéphalite multifocale progressive) (n = 4), toxoplasmose cérébrale (n = 2) ou encéphalite à virus herpes simplex2 associée à une LEMP (n = 1). 12 patients recevaient, en association à d’autres antirétroviraux, du DTG en 1 prise par jour (50 mg) et 1 patient recevait une dose doublée à 50 mg × 2/j. Plus de la moitié (54 %) des patients avaient une CV plasmatique indétectable et 62 % (n = 8) une CV indétectable au niveau du LCR (< 40 copies/mL) . Seul 1 patient avait une CV détectable à la fois au niveau du LCR et au niveau plasmatique. Les résultats, sur le critère principal d’évaluation, montrent que les concentrations du DTG au niveau du LCR chez ces patients prétraités sont plus basses (9,6 ng/mL) qu’au niveau plasmatique (1 675 ng/mL) mais du même ordre que pour la fraction plasmatique non liée du DTG (9,2 ng/mL) (tableau). Tous les patients présentaient des concentrations au niveau du LCR supérieures à l’IC50 (0,2 ng/mL) et à des valeurs thérapeutiques au niveau du LCR (2,4 ng/mL). Le quotient inhibiteur médian au niveau du LCR était à 48.
En tenant compte des limites liées au caractère observationnel de cette étude et au faible nombre de patients inclus, les auteurs en concluent que la diffusion du DTG est suffisante pour obtenir des concentrations thérapeutiques au niveau du LCR, y compris chez des patients prétraités et avec des anomalies du SNC en rapport avec l’infection à VIH. Ils retrouvent les résultats d’une étude antérieure de l’équipe de Scott Letendre (1) où le QILCR était à 66 (19-92) en faveur d’une activité antirétrovirale élevée. L’originalité de l’étude de l’équipe du Kremlin-Bicêtre est aussi d’avoir montré que la diffusion du DTG au niveau du LCR est fortement corrélée au quotient de l’albumine, suggérant que sa diffusion dépend au moins en partie de l’intégrité de la barrière hématoencéphalique, sa perméabilité permettant une augmentation de la diffusion.
Références
1. Letendre SL et al. ING116070: a study of the pharmacokinetics and antiviral activity of dolutegravir in cerebrospinal fluid in HIV-1-infected, antiretroviral therapy-naive subjects. Clin Infect Dis 2014;59(7):1032-7.